Ce que j’aurais aimé qu’on me dise…

Quand on parle grossesse, maternité, éducation, on parle de l’amour, de la tendresse, du bonheur, de l’apaisement, des sourires, et des rires qu’on partage. On ne parle pas assez, du reste…c’est peut-être ça qui rend les choses si compliquées, se sentir seule devant l’insurmontable.

À toi, toi qui vient de rentrer à la maison, toi qui as eu ton enfant il y a quelques jours, quelques semaines, ou plusieurs mois, et si on se disait ensemble qu’on y arrive pas. Tu crois pas que ça nous aiderait?
Tu es là, devant ton enfant que tu ne connais pas, tu ne comprends pas. Il est là, il pleure, tu ne sais pas pourquoi, tu ne sais pas quoi faire. Tu as tout tenté, tu l’as nourri, changé, bercé. Tu es là, ton corps rempli de fatigue, des émotions plein le cœur, de la douleur encore plein les reins, les épaules, et le dos. Tu es là, tu le regardes et il pleure.
Tu es là, tu fais les cent pas, tu marches les yeux vides, comme un fantôme, le vague à l’âme, ça paraissait si facile. Tu as lu tous les livres, écouté les conseils des amies, de la famille, des infirmières et des médecins. Tu as regardé les émissions, entendu les problèmes, noté les solutions. Tu es là, tu le regardes, et il pleure.
Tu es là, tu penses à cette mère que tu jugeais si durement il y a quelques semaines, encore une qui n’avait pas lu le bon livre, chanté la bonne chanson, et mis le bon doudou. Tu es là, tu repenses à celles que tu connais, pour qui tout est facile, à leurs enfants parfaits. Tu es là, tu repenses à celle que tu voulais être, à celle que tu avais imaginée être, à celle que tu t’étais préparée à être.

Tu es là, tu le regardes, et tu pleures.

Je n’ai qu’une seule chose à te dire, à te chuchoter à l’oreille, comme un secret, tu n’es pas seule. Ce qui rend probablement les choses plus difficiles, c’est de garder ça pour nous, de ne pas en parler. Mais tu n’es pas seule. On a toutes vécu ce que tu vis, devant ce nourrisson qu’on ne connaissait pas, ce bébé qu’on ne comprend pas, cet enfant un peu plus grand qui change de rythme, de besoins, de rituels. On a toutes pleuré, douté, angoissé. On a toutes regardé notre enfant, le cœur rempli d’amour, avec pourtant, le sentiment de ne pas réussir à le calmer, l’apaiser, de ne pas réussir à le comprendre, à lui donner le meilleur.
On s’est toutes retrouvées là, face à cette maternité, la vraie. Pas celle des magasines, des téléfilms ou du cinéma. On s’est retrouvé là, face à un déluge d’émotions, à ne plus rien savoir gérer. Ni nous, ni eux.

Je ne suis pas naïve, je n’ai jamais pensé qu’être mère était simple, inné, facile, évident…Mais jamais je n’aurais pensé que ça pouvait être aussi difficile.


Alors à toi, toi qui te sens « pas assez », ou « bien trop » regarde les mères qui t’entourent, regarde celle qui t’as donné la vie, regarde celles que tu admires, celles qui t’inspirent, et dis toi, qu’un jour, toutes, elles ont ressenti ce que tu ressens. Ces moments difficiles, cachés derrière une maternité qui se doit d’être parfaite, ils sont là, dans le cœur de toutes les mamans, certaines ont juste oublié.

À toi, j’ai envie de te dire, ce que j’aurais aimé savoir il y a des mois :

  • Écoute-toi. Fais-toi confiance, fais confiance à cet enfant. Crois en toi, nous avons toutes les ressources en nous pour être de bons parents. Prends les conseils, mais fais le tri, respecte-toi, toi et tes idées.
  • N’idéalise rien. Rien ne sera jamais parfait, ni nous, ni eux.
  • Accepte l’aide qu’on te propose. Il n’y a pas de honte à ne pas pouvoir tout porter seule, pas de honte à vouloir simplement dormir, se reposer, ou penser un peu à soi…
  • Ne te compare pas. Certains enfants auront besoin de plus de temps, pour se sentir apaisés dans ce monde qu’ils découvrent alors que d’autres y seront parfaitement bien en quelques heures. Certaines mères auront besoin d’être avec leur enfants continuellement, d’autres auront besoin de prendre l’air. Ne te compare pas, chaque enfant, chaque parent,  naît avec son caractère, ses problèmes, son histoire…il n’y a pas de recette parfaite, miracle, idéale.
  • Ne culpabilise pas, d’avoir pas eu le temps de préparer un repas maison ce soir, de passer la soirée entre copines ou la journée à faire du shopping. Ne culpabilise pas d’avoir pas voulu (pas pu) allaiter, de n’avoir pas voulu donner le biberon, de n’avoir pas assez donné de vitamines, de l’avoir (ou non) fais vacciner, de n’avoir pas pu lui offrir la dernière poussette high-tech, d’avoir crier trop fort parce que tu étais fatiguée, d’avoir céder pour la télé…Nous sommes simplement des êtres humains, soumis à la fatigue, au stress, aux émotions, et c’est avec tout ça, et bien plus encore, que nous devons accepter de faire.
  • Un enfant (ou deux…) bouleverse un couple, c’est un nouvel équilibre à trouver, un rythme de famille à chercher. Laissez-vous le temps, parler, ne vous oubliez pas, c’est ensemble, main dans la main que tout se construira. Petit à petit.

 

Enfin n’oublie pas, la seule chose parfaite que tu peux donner à ton enfant est ton amour. Rien d’autre n’est parfait, rien d’autre n’a besoin de l’être. Tout ce que tu fais est l’idéal, puisque tu fais de ton mieux.

 

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23 commentaires sur « Ce que j’aurais aimé qu’on me dise… »

  1. J’ai eu la chance d’avoir les 2 premiers conseils lors de la naissance de l’aîné mais on ne le dis ni ne le répète jamais assez, une piqûre de rappel de temps en temps fait le plus grand bien! bises

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  2. Le privilège des jumeaux c’est que PERSONNE ne te parle des bons côtés. De la merde tu vas en bouffer et ne nous appelle pas. C’est en résumé ce que j’ai tendu pendant ma grossesse.
    Alors clairement je dirais au contraire, le beau j’en ai peu entendu parler.

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    1. Oh c’est bien dommage, il ne faut pas négliger l’un ni l’autre…Peut être parce que j’ai des parents de jumeaux dans mon entourage, ils m’avaient dit que finalement c’était pas si terrible que ce que les gens en dise…

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  3. Très joli texte , les conseils c’est bien , mais devant l’enfant les parents ont un ressenti viscéral tellement magique !!! il est tellement important d’écouter son cœur ! les jumeaux déstabilisent sans doute mais lorsque leur petites mains se cherche c’est un pur moment de bonheur et de tendresse que nous ont permis de découvrir tes ptis loulous !!
    oui le « métier » de parent est très difficile mais c’est le plus beau et le plus riche en émotions !!!

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