De l’or liquide…

Lorsqu’on a accouché, qu’on a donné la vie, il se passe quelque chose de magique…Les hormones s’agitent, le corps est bouleversé et sous quelques jours, l’or liquide est là. Le lait maternel. Ce médicament naturel, cet élément indispensable à la vie de nos enfants prématurés.

Mais parfois, la nature ne fait pas bien son travail, les hormones sont lentes, la montée de lait ne se fait pas, ou peu. La mère est trop faible, trop fatiguée, trop malade, trop angoissée, trop loin de son bébé, mal conseillée, ou sous traitements qui rendent l’allaitement impossible voire dangereux. Il arrive que le lait ne soit pas là, ou en trop petite quantité et que l’enfant ait alors besoin qu’une précieuse fée se penche sur sa couveuse. Parce que face à un prématuré on ne peut pas attendre cette fameuse montée de lait, on ne peut pas attendre que les hormones fassent leur travail. On n’a pas le temps. J’ai été cette maman là, ils ont été ces enfants dans le besoin.

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Ces précieuses fées, j’en ai rencontré une de très près…et j’ai eu envie de vous parler d’elle, de vous livrer son témoignage de donneuse au lactarium. Elle est la maman de deux adorables petits garçons, de 5 mois, M et R. Ces enfants sont nés d’un parcours en PMA, long et difficile. Le don elle le connaît bien, elle a pu porté la vie grâce à lui…
Je vous livre ces mots :

Comment s’est organisé ton don? Qu’elles ont été tes premières motivations ?

J’ai rencontré une conseillère en lactation pour réussir à faire téter au sein mon petit M., mais rien à faire… Quand elle a vu la quantité que je stockais au frigo et au congélateur, elle m’a parlé du lactarium. Clairement, comme j’ai un petit en tire l’alitement, je n’avais qu’une peur : manquer. Chaque baisse de lactation était une véritable angoisse. L’idée d’avoir un bébé allaité et l’autre au lait maternisé me faisait vraiment peur et je culpabilisais beaucoup… Les semaines ont passé et une fois que le deuxième congélateur acheté pour stocker le lait a été plein, j’ai contacté le lactarium. Grosse surprise, le lactarium de Marmande accepte le lait congelé! Et ce jusqu’à 4 mois après tirage… L’aventure a donc commencé comme ça.

J’ai un tire lait à double pompage depuis ma sortie de la maternité donc besoin de rien. Évidemment comme j’ai donné du lait congelé par mes soins, les sachets que j’ai donné ont été payés par mes soins (6€ les 20, et j’ai du faire don aujourd’hui de 60 sachets). Le lactarium fournit les pastilles de stérilisation pour le kit de tirage et des biberons en plastiques pour congeler le lait.

La conseillère vient avec sa glacière et prend le lait, même si le questionnaire médical que l’on doit remplir n’a pas encore été validé par un médecin et même si mes sérologie sur VIH et hépatite n’avaient pas encore été faites. Le lait ne sera de toute façon pas donné tant que le dossier n’est pas complet. La conseillère vient à domicile, prend le temps… C’est simple et très agréable.

– Qu’est ce que tu as trouvé difficile (les principales contraintes) ?

Les contraintes : l’hygiène (stériliser une fois par jour, bien se laver les mains et les ongles avant chaque manipulation, ne jamais essuyer un kit : pas terrible quand ça sent la javel).

Et si c’était à refaire ?

Si c’était à refaire la réponse est évidente : je le referai. Car seul le lait maternel permet aux prématurés de finir leur développement. La conseillère en lactation m’a dit : si on donne du lait maternisé a un grand prématuré,  il meurt. Dès ce moment j’ai eu envie de donner.
Ayant moi-même reçu un don, le sujet est vraiment particulier pour moi. Donner c’est une façon pour moi de remercier… Les mamans allaitantes comprendront ce sentiment : notre lait c’est de l’or. Je revois une auxiliaire de puériculture renverser 40ml de mon lait à la mater, je tirais à peine 80 par jour à l’époque. Elle aurait brûlé un billet de 500€ devant moi c’était pareil! Alors quand je pense aux mamans qui doivent subir la prématurité de leurs enfants, qui, pour celles qui veulent allaiter, angoissent de ne pas tirer assez, si je peux aider… J’ai été une looseuse pendant 7 ans : fausses couches à répétition, vilains embryons, vilains ovocytes… Je vis enfin mon rêve de maternité grâce au don d’une femme merveilleuse. Si je peux aider de petits bébés à grandir, si je peux aider des couples à garder espoir et sécher leurs larmes… Je donnerai encore et ce malgré les contraintes!

Merci à Carotte pour ce témoignage, merci à toi pour ce don.

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Derrière chaque prématuré qui reçoit du lait, il se cache une anonyme, une personne généreuse, qui prend chaque jour, des minutes de son temps, que l’on sait si précieux au début de la maternité, pour permettre à d’autres femmes de voir leur enfant grandir.
Derrière chaque maman qui tire son lait, il se cache une autre maman qui la remercie sans la connaître.
Derrière chaque don, il se cache une équipe de médecins, de biologistes, de techniciens de laboratoire, de conseillers en lactation…qui permettent que chaque don soit sûr, et qu’il n’apporte que le meilleur à nos enfants.

Merci à chaque personne qui permet ce don possible, de la donneuse à l’infirmière qui posera la sonde naso-gastrique sur cet enfant…

Sans titre

Vous êtes intéressée par le don?
Contacter le lactarium le plus proche de chez vous.

7 commentaires sur « De l’or liquide… »

  1. Merci à toi d’avoir donné la parole à Carotte qui parle si peu d’elle ces derniers mois.
    Bravo aux mamans donneuses ce n’est pas simple de tirer son lait, enfin chez moi ça a toujours été compliqué… Mais ton article est motivant, je me rends vraiment compte à quel point c’est important en neonat, je n’en savais rien. Merci pour ton article

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  2. Lors de mon stage en néonatale au cours de mes études j’avais trouvé ça merveilleux ce don que faisait ces mères à d’autres.
    J’aurais tellement aimé donner… Malheureusement j’arrivais péniblement à couvrir les besoins de Framboise alors j’ai pas pu. Mais il paraît qu’un second allaitement est souvent plus productif, alors si un jour on arrive à donner un frère/une sœur à Framboise, qui sait…

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  3. Merci pour ce témoignage, c’est tout à l’honneur de Carotte et ça ne m’étonne pas, c’est une belle personne.
    J’aurais adoré donner aussi, j’avais pris les prospectus à la maternité pour le lactarium de bordeaux (il n’y en a pas à Toulouse). Mais comme Ptbichon, je n’ai pas pu, j’ai beaucoup tiré le mien au début pour compléter les tétées, ma fille ne prenait pas assez de poids.
    Merci Mme T! Grosses bises

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  4. Merveilleux… les mots me manquent !
    J’aurais aimé donné, mais comme PtBichon, j’avais déjà du mal à fournir pour ma puce… !! Qui sait lors d’un second allaitement !!! J’aimerais tellement !

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  5. Je decouvre ton blog qui me touche beaucoup, ayant aussi connu la prématurité pour ma puce (28+3). J’ai été cette maman incapable de produire suffisamment de lait pour mon bébé. Quelle culpabilité. Je n’ai malheureusement pas pu bénéficier d’un don de lait et je le regrette. Heureusement ma fille n’en a pas souffert (les grands préma peuvent donc survivre avec du lait maternisé, et tant mieux!). Merci pour cet article qui sensibilise à l’importance de ce don et merci a Carotte de son témoignage et de ce don au combien précieux.

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  6. Je tombe sur votre article, quelle émotion… mon fils est né à 25 + 6, et malgré son extrême prématurité, j’ai tout fait pour avoir beaucoup de lait. J’ai pu le nourrir exclusivement avec mon lait, et j’ai fini par donner… plus de 35 L au lactarium ! C’est effectivement quelque chose qu’il faut partager autour de soi, car ce n’est malheureusement pas connu – aucune de mes amies ne savait qu’on pouvait donner son lait, or cela sauve des vies, comme vous l’écrivez si bien. Merci de contribuer à l’information et à la sensibilisation.

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